Discrimination et statistique
Dans le Libé d'hier, il y a un dossier intéressant sur les "statistiques ethniques" devant permettre de "mesurer" les discriminations raciales en France. Grandes discussions autour de l'éthique de cette procédure etc. M Sabeg souhaitant que dans les recensements, la population soit questionnée sur son "sentiment d'appartenance à une communauté", donc de classer la population en ethnies.
Un passage de l'article dit que "des associations, SOS Racisme et la Licra en tête, critiquent la "dynamique communautaire" et "l'assignation ethno-raciale" que cela produirait. Elles affirment que l'ont peut aussi valablement identifier les minorités visibles en utilisant le prénom, le patronyme ou le lieu de naissance des parents."...
Bien, je m'appelle Stéphanie Haski (là, ça ne dit pas grand chose, Stéphanie c'est un prénom commun, Haski c'est moins courant en France, mais il y en a partout dans le monde, on va dire qu'il est surtout porté par des familles juives, mais aussi quelques familles musulmanes) née en Afrique du sud, de mère née au Mali et de père né en Tunisie... Je suis noire et arabe !!! et je ne le savais pas !
Compliqué ces questions de statistiques. J'étais fondamentalement contre hier, aujourd'hui je ne suis plus si sure. Mes recherches pour le documentaire sur la coiffure m'ont fait rencontrer des femmes noires qui préfèrent vivre en Angleterre parce qu'elles peuvent "être noire" librement. Voici ce que m'a raconté une femme qui travaillait dans une grande compagnie : on exigeait d'elle que ses cheveux soient lissés ou tissés pour être présentable. En un mot, on lui demandait de se dénaturer pour pouvoir travailler (l'assimilation, on y est encore). En Angleterre, elle dit être acceptée comme elle est. En France, on ne dit généralement pas d'une personne qu'elle est noire, on dit "black". Je suis en train de lire la "condition noire" de Pape NDiaye et l'auteur y affirme qu'il n'y a aucune recherche sociologique sur les Noirs en France. Il y a des sociologues français qui écrivent sur les Noirs américains, mais rien sur les Noirs français... pourquoi ? est ce qu'en rejetant le communautarisme, on ne rejette pas en même temps les communautés françaises ? Ces statistiques sont-elles un pas vers l'acceptation des différences dans la communauté française, ou un autre vers une plus grande discrimination ?