excitations
Je suis retrée chez moi hier les yeux gonflés.
Pas vraiment de tristesse : ça fait déjà deux semaines que je suis sidérée du score de Sarkozy.
J'étais chez une amie, on était plusieurs à se soutenir, à ironiser, dédramatiser. On était assez excités : l'attente des résultats nous avait mis sous tension malgré tout ! on décide d'aller à Bastille, voir s'il y a de l'énergie, d'autres soutiens de défaite.
Dans la rue (on était du côté de Charonne, tout près de la Bastille) ça sent une drôle d'odeur. On a vite été incapable d'ouvrir les yeux ou même de respirer. Tout le monde fuyait la place de la Bastille embrumée de gaz lacrymogènes. ça nous a encore plus excités : pourquoi l'opposition n'aurait elle pas le droit de se rassembler ? il y a eu des violences ? à voir...
On reste dans les environs, encore un peu. Faubourg St Antoine les anti-Sarko se sont réfugiés, c'est un peu le bordel : quelques gars montent des similibarricades avec des poubelles, font cramer des détritus au milieu de la rue. ça sent l'exitation, mais pas la violence. Puis Damien m'interpelle : derrière nous, derrière la fumée (je ne sais pas comment dire tellement la fiction n'aurait pas fait mieux) apparait un mur de CRS. Ils sont à une centaine de mètres, presque plus nombreux que les personnes rassemblées dans la rue. Ils marquent leurs pas d'un coup de matraque sur le bouclier (c'est une marche guerrière, impressionnante), s'arrêtent. On entend un "pfuit" comme un feu d'artifice qui part. Innutile de dire qu'à ce moment là, vu qu'on était juste entre CRS et manifestant, on s'est vite planqués dans une ruelle perpendiculaire. Le projectile atterri : c'est du gaz lacrymo.
Depuis l'arrivée des CRS, l'exitation devient violence, confrontation. les gars se sont rassemblés face aux forces de l'ordre et scandent des insultes, puis c'est au tour des bouteilles de voler. Je ne suis pas restée plus longtemps. Pour quoi faire?
Drôle de soir qu'hier soir... que va-t-il se passer demain?
la vie continue, à nous de la mener selon notre propre éthique.